Samedi 23 juillet//145 mars à 18h
NUIT DEBOUT
«Debout maintenant, mon pays et moi »
Aimé Césaire
Stupeur ! Le Peuple existe, en vrai, grandeur nature
Un peuple candidat à son investiture
Hors système, hors partis, et presque insolemment
Qui de la République a fait son campement
De ville en ville, en une agora permanente
Multiple et fraternelle, où se cherche, où s’invente
Un autre agir ensemble au sein d’une Cité
Rendant au citoyen sa citoyenneté
Qu’un leurre électoral emprisonne et muselle
Et de l’Ordre bourgeois confortant la tutelle,
Les droits du peuple étant bien que brandis, bornés
Par des retours de gauche et de droite alternés
Au gré du Capital qui de fait tient les rênes.
Nuit debout, Nuit féconde aux veillées souveraines
D’un peuple se dressant pour maîtriser son sort.
Médusés, mais contraints d’en constater l’essor
Les médias dominants mobilisent en hâte
De peur que ce nocturne à la fin ne leur gâte
Les petits fours que leur réserve le Pouvoir,
Des experts patentés exhibant un savoir
De commande ajoutant aux matraques rageuses
Contre cette éclosion leurs gloses venimeuses
Préparant l’opinion à son écrasement
Qui se mijote au sein de ce gouvernement.
Nuit debout rameutant du peuple la mémoire
Fidèle en profondeur à ses sursauts de gloire
Sous l’apparent oubli de ses renoncements
Lorsque l’heure a sonné pour des soulèvements.
Nuit debout transformant en un Soleil la lune
Pour un lever d’aurore aux lueurs de la Commune .
Yves Letourneur
1er mai 2016
CONGÉS PAYES
« Le début d’une catastrophe économique ( … ) dans
trois ans, la France sera ruinée »
La Fédération des Industries
« Notre pays, il faut l’avouer, a connu peu d’heures
aussi graves »
Les cardinaux français ( 31 octobre 36 )
Ce fut l’effarement, le dégoût, puis la rage
D’avoir à tolérer que l’on souille leur plage
Avec l’odeur du peuple, en un déferlement
Trivial de vacanciers dont l’ébahissement
Face à la mer offrant du grand large l’immense
Ose saucissonner sur le sable ; insolence
Outrant la crinoline et le cigare hautain
Dépossédés de leur privilège soudain
Par la faute d’un Juif* et d’une horde rouge
Donnant les pleins pouvoirs à la rue et au bouge,
Au grouillement de la casquette, au poing levé,
Comme si la Commune avait ressuscité !
Ce fut, billets Lagrange* en poche et, à tue-tête,
« A nous la Vie » chanté dans des wagons en fête
Roulant sur l’inouï d’un rail vers un été
Qui serait désormais à tout jamais daté.
Ce fut la joie encore incrédule, en famille,
De voir qu’en fin pour eux aussi le soleil brille,
Loin du noir de l’usine où, hier encor, forçat,
On trimait sous le joug cruel d’un patronat
Certain d’avoir reçu des mains de Dieu lui-même,
Le Haut clergé l’ayant validé d’un baptême,
Le droit d’assujettir l’ouvrier sans loisir,
A merci corvéable, à son seul bon plaisir,
Dont ses semblables de nos jours rêvent encore.
Ce fut un jour pareil à un lever d’aurore.
Ce fut l’hôtel, ce fut pour la première fois
La table où l’on vous sert, à se sentir un roi ;
Et des maillots de bain longs à sécher, en laine ;
Et plein de cris d’enfants courant à perdre haleine
S’enivrant d’un azur qu’on leur avait volé ,
D’un azur si profond qu’ il semblait étoilé
Des mille éclats d’une fraternité solaire.
Mais d’un Plutôt Hitler que le Front populaire*
Cependant qu’à Madrid Franco armait leur bras,
La classe des Nantis sonnait le branle-bas
Menaçant d’éclipser ce Soleil prolétaire.
Repensez à ce jour, vacanciers d’aujourd’hui,
A ce jour fondateur où l’Histoire a souri.
Yves Letourneur
27 mai 2016
* « Pour la première fois, ce vieux pays gallo-romain sera gouverné par…un juif »
Xavier Vallat ( L’Action française )
« Je préfèrerais douze Hitler plutôt qu’un Blum omnipotent »
Céline ( Bagatelles pour un massacre – Denoël 1937 )
*A la demande de Léo Lagrange, sous-secrétaire aux loisirs et aux sports,les sept
compagnies de chemins de fer acceptent, non sans rechigner, la création d’un
billet à tarif réduit ( cf Le Monde hors série 06953 )
* « Nous devons nous tourner vers l’Allemagne de Monsieur Hitler, vers l’Italie
De Mussolini pour voir comment il faut traiter la question sociale »