Atelier éduc’pop « comment arriver à la société qu’on veut?  » session 32 : le droit de propriété

Dimanche 28 mai 2017 // 454 mars à 14h.


Sur la Place de la République, la 32ème session de notre atelier educ’pop a eu lieu. Nous avons commencé la seconde partie : à partir des propositions concrètes récoltées, nous posons la question de comment y parvenir à partir d’aujourd’hui.
Cette fois, nous avons parlé du droit de propriété : passer de la propriété lucrative à la propriété d’usage.

Sur la place de la République, nous avons lancé le premier atelier éduc’pop à Debout éducation populaire au mois d’aout. Cet atelier qui a lieu à raison de 2 heures hebdomadaires vise à répondre de façon précise et développée à la question suivante : quelle société veut-on?
Avec chaque audio, nous vous proposerons un rassemblement écrit des propositions par catégories, que nous reprendrons avant chaque séance, et que vous pouvez commenter directement sur le site!

Plus nous serons nombreux/ses à participer, plus nos propositions et réflexions seront riches, et mieux nous saurons quelle société l’on souhaite construire, avant de savoir par quels moyens…

La 33ème séance de l’atelier est prévue dimanche 4 juin de 14h à 16h, nous continuerons sur le thème « les droits ».

CR Atelier éduc’pop session 32 : « comment arriver à la société idéale? « . Le droit la propriété

Vous pouvez écouter un enregistrement audio de l’intégralité de l’atelier en bas de page et nous proposer vos idées en remplissant un petit formulaire de contact.

Proposition 1. « passer du régime de la propriété lucrative à la propriété d’usage »

  • en Allemagne : au lieu de jeter ce dont on n’a plus besoin, soit on le donne à quelqu’un, soit on le vend pour quelques centimes symboliques. Cela se répand dans la population et dans des espaces ouverts (par exemple des cabines) ou de particulier à particulier.
  • Les gratifieras : les personnes apportent ce qu’elles veulent et peuvent récupérer ce qu’elles souhaitent, pas de système d’argent. De même, de la nourriture est apportée pour être partagée gratuitement
  • L’association Share Voisins met à disposition des objets dont on n’a pas besoin pendant un temps (les ordinateurs, les voitures), de même on peut créer des lieux communs où l’on se sert de ce qui est mis à disposition, sans que ce soit de la location entre particuliers. Pour que cela soit possible il nous faut développer la relation de confiance, aussi au niveau des jardins partagés : être prêt à perdre ses biens, ou demander à celui qui abîme de réparer. A partir du moment où les choses sont vraiment données ou mises à disposition, il n’y aura plus d’envie ni de besoin de vol ou de destruction.
  • Possibilité d’acheter des biens en commun où chacun met ce qu’il peut de façon a ce que plusieurs aient accès aux outils, sans que cela produise un système d’exploitation (de type actionnariat). Cela peut se mettre en place avec le logement : instaurer un rapport de confiance plutôt qu’un rapport marchand. Cités castors dans les années 50 : les personnes arrivent avec des compétences et chacun aide l’autre a construire sa maison, son jardin, ce qui conduit à construire ensemble son environnement en apprenant des autres. Aussi pour les éco-villages : le matériel est acheté en commun. C’est encore le cas de la monnaie locale alternative qui développe ce rapport de confiance et de proximité, la valeur n’a plus le sens du marché, mais celui du besoin, c’est la qualité de la relation qui compte, l’équilibre est à trouver dans le groupe.
  • Le rapport à la propriété est en cours de transformation avec les modes de partage actuels, nous devons veiller à ce qu’ils ne soient pas mis au service du modèle économique (en créant de nouveaux besoins comme avec Uber). Limiter au maximum le biais monétaire.
  • Droit de propriété : utiliser ou transformer un bien (usage « usus » : par exemple les logiciels libres) // le vendre (posséder sa valeur économique « fructus »: ex logiciel privé). Faire disparaître ce second aspect du droit de propriété pour conserver le premier en dehors de l’aspect monétaire.
  • De même pour les compétences : échanger des services en dehors de la concurrence, des plate-formes existent déjà pour cela. A-t-on besoin de conserver le système de licence ?
  • Est-ce qu’il faudrait que ça passe par l’Etat ou par du local pour que ce rapport de confiance se mette en place ? Certaines choses doivent relever du domaine de la collectivité (eau, énergie, transport) pour que tout le monde bénéficie du même service. Pour les autres, les deux niveaux peuvent exister. Si ça passe par l’Etat, il faut veiller à ce que ce soit au service de ceux qui possèdent le moins, avec un principe d’égalité inaltérable qui limite toute aliénation au travail.
  • Devenir autonome économiquement, ce n’est pas du tout le cas de l’auto-entrepreneur puisqu’il est soumis au marché et que les terres et moyens de production restent la propriété de grands groupes (on paie pour travailler, l’ubérisation c’est la modernisation du travail au noir). L’autonomie devrait se faire au niveau des besoins (alimentaire, logement, vêtements, accès à l’eau et l’énergie) et n’être pas dépendante de la sphère économique (sécurité qu’apporte la théorie du contrat). Comment se défaire de la propriété des moyens de production et des ressources ? Que les ouvriers soient propriétaires de l’entreprise (supprimer l’actionnariat) sur une question d’apport de compétences. C’est le principe des SAPO, c’est donc possible dans la loi, mais peu connu et peu développé. Ce qui légitime la propriété depuis la fin du système féodal, c’est le travail, et cela peut aller dans le modèle libéral jusqu’à la négation de l’autre. On demeure tout de même dans un système inféodé aux grandes richesses : on peut être exproprié pour de grands projets inutiles par exemple. La conservation de soi s’arrête là où commence celle de l’autre : ceci doit faire partie des règles incompressibles jusqu’à ce que ça devienne spontané, le rôle du droit serait de façonner des comportements qui permettent de mieux vivre ensemble.
  • « Les riches ont inventé la morale pour que les pauvres ferment leur gueule » : le droit naturel est une fiction pour que les choses restent figées. Dans la nature ce n’est pas le plus fort qui survit, c’est l’enchaînement d’équilibres instables : les lois économiques avec le besoin de croissance fonctionnent à l’inverse avec une fiction d’indépendance, la domination est destructrice de cet équilibre. La société elle-même n’existe pas, elle n’a de réalité que du fait de la croyance qu’on a en son immuabilité. On pourrait inventer n’importe quelle société et vivre dedans, le tout est de la supposer possible : les règles sont nécessaires pour limiter la destruction du lien social, elles ne doivent avoir d’autre fonction. Les concepts moraux sont des modèles vers lesquels on essaie de tendre, ce sont des fictions qui structurent notre imaginaire. A partir de quel moment on continue d’être libre, et à partir de quel moment on devient aliéné par le groupe ?
  • On n’est pas propriétaire de la Terre, mais gardien pour les générations futures : comment développer concrètement ce rapport au monde ? Que les biens communs n’appartiennent à personne : Rousseau démontre que la nature et l’homme, c’est la même chose et l’économie doit être au service de l’intérêt général. Mais aujourd’hui nous savons que l’homme n’est qu’un élément dans un écosystème bien plus large.
  • La notion de propriété opère aussi au niveau de l’amour : la volonté est de ne pas poser le corps de l’autre aimé comme étant notre propriété. Est-ce parce que nous avons eu ce rapport de propriété inculqué qui fait que l’on doit s’en couper, ou bien est-ce un besoin psychique associé au sentiment amoureux ? Il y a là aussi une question de confiance et de respect. La protection est souvent prise dans cette question de propriété, en supposant le bien à la place de l’autre, que ce soit dans l’amour mais aussi dans le rapport salariat. Le mariage est un ordre social numérique qui entre dans la biopolitique occidentale.
  • La propriété dans l’art se situe au niveau du nom de l’auteur, ce qui fait que dans la nature, on peut trouver des créations animales ou des beautés que l’on peut associer à une forme d’art, mais la nuance est qu’il n’y a pas de nom pour revendiquer sa propriété. Se passer de la propriété intellectuelle signifie se passer du nom d’auteur. C’est aussi s’autoriser à prendre la parole sans en être propriétaire, en la pensant de façon circulaire, sortir du cadre pré-pensé. Les politiciens se donnent comme propriétaires de la parole publique en dépossédant les citoyens de l’usage de la parole qui ne peuvent exprimer leur opinion que par le biais de leur représentant : il n’y a plus qu’une noblesse, un clergé et plus de tiers État.

À vous!

Faites nous part de vos remarques, de vos idées de vos envies pour le monde de demain.


l’enregistrement complet de la discussion.

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