Atelier éduc’pop 65 « quelle société veut-on? » Partie II : la Santé (5)

Samedi 19 mai 2018 à 15h.


Sur la Place Jean Bart, à Dunkerque, Debout éducation Populaire s’est déplacer pour l’atelier hebdomadaire « quelle société veut-on? » session 65 sur la santé (5).

Nous avons lancé le premier atelier éduc’pop à Debout éducation populaire au mois d’aout 2016. Cet atelier qui a lieu à raison de 2 heures hebdomadaires vise à répondre de façon précise et développée à la question suivante : quelle société veut-on?
Avec chaque audio, nous vous proposerons un rassemblement écrit des propositions par catégories, que nous reprendrons avant chaque séance, et que vous pouvez commenter directement sur le site!

Plus nous serons nombreux/ses à participer, plus nos propositions et réflexions seront riches, et mieux nous saurons quelle société l’on souhaite construire, avant de savoir par quels moyens…

Et justement, c’est cette seconde partie « comment y arriver? » que nous avons commencée en juillet 2017 à partir des propositions récoltées lors de la première partie!

La 66ème séance de l’atelier est prévue dimanche  3 juin de 15h à 17h Place de la République, nous commencerons sur le thème « Travail ».


Atelier éduc’pop 65 « quelle société veut-on? » Partie II : la Santé (5)

 

Santé, société et travail :

  • La santé est renvoyée à la responsabilité individuelle et dans un rapport à l’institution médicale, et non pas à la question collective : prendre soin les uns des autres. Par exemple, demander « ça va ? » comme de dire bonjour, n’a plus beaucoup de sens : faire plutôt attention à la façon dont la personne est, lui demander comment ça se passe pour elle… En fait, ça dépend comment on le fait : si c’est une convention sans intention, cela passe par l’attitude et l’attention portée à l’autre et à soi. Prendre ce temps est à la base du lien social et lutte contre l’isolement : aller vers un confort collectif et le plaisir de partager. On le perçoit comme un effort alors que c’est juste une habitude à prendre, chacun.e s’y retrouverait car le confort personnel est souvent lié à l’isolement. De s’ouvrir à l’autre favorise le retour : proposer de l’aide et une écoute sans l’imposer, garder le contact en trouvant d’autres mots, sans que ce soit invasif, respecter l’intimité.

 

  • Les réseaux sociaux et le téléphone peuvent nous donner l’impression d’être en lien avec les autres, alors que ça ne lutte pas contre l’isolement et ça limite à des formulations pré-établies par les algorithmes (ex les émoticônes). Même si ça permet de rester en lien avec les personnes plus éloignées géographiquement et de partager des événements du quotidien.

 

  • Mettre en place des espaces dans lesquels on puisse discuter de ses symptômes, qu’on arrête de le prendre comme une plainte mais comme la possibilité de partager ses affects, pour les déplacer. En venant partager quelque chose de sa propre vie, ses douleurs, ses craintes, ses désirs, le collectif peut aider pour proposer des alternatives ou orienter vers le médical à partir des expériences de chacun.e. La santé a été ancrée dans nos représentations comme une intimité qui serait réservée au domaine médical, il est étrange que nous allions plus facilement nous adresser à un inconnu qu’à des proches. Cela est lié au savoir attribué et à la neutralité : ça parait étrange de se dire que l’on aura plus de facilité à s’adresser à un inconnu pour parler des choses qui sont les plus importantes pour notre vie, inconnu qui a un savoir lui permettant de les recevoir et de les interpréter. Peut-être aussi qu’on a peur d’en parler aux proches, de les blesser, de les inquiéter, et on préfère les transmettre à quelqu’un qui aura une distance suffisante pour ne pas être affecté. C’est lié à l’histoire de l’aveu, notamment. On pourrait aussi se dire qu’en partageant sa douleur avec les proches, cela nous permettrait d’être plus solide pour le combattre à deux ou plus, avec un enrichissement mutuel. La maladie est aussi devenue une forme de culpabilité, d’incapacité, qu’il vaut mieux cacher par les médicaments, pour rester dans la norme de production, ce qui donne une boucle délétère. Il y a un vide dans le lien social assez inquiétant derrière.

 

  • Le mal-être des personnes au travail est de plus en plus répandu : burn-out, dépression, etc… Un rapport a montré qu’une des causes majeures était la mauvaise alimentation, soit ce qui est proposé à la consommation : penser le bien-être à partir des fonctions de base (accès à une alimentation saine, un logement confortable, des conditions de travail respectueuses). Vivre mieux dans sa tête suppose d’expérimenter sa puissance d’agir : ça passe par la prise de parole, l’écoute de l’autre, l’expérimentation de solutions collectives. Comme le regard de l’autre est très important, la maladie psychique comme psychique est très difficile à assumer s’il n’y a pas de soutien collectif, amical, familial. Il y a certaines maladies qui ne se voient pas mais qui empêchent les personnes de faire la même chose que les autres, et ainsi les exclue. Il y a un étrange paradoxe entre être dans la norme et être soi-même : il nous semble nécessaire de pouvoir être comme les autres pour affirmer ensuite son identité, cela serait un passage obligatoire, on ne peut revendiquer sa différence que si on a accès à la norme, sinon on en est déjà exclu. De même entre rendre la maladie visible pour que soit reconnue notre handicap, une revendication, et que ça ne se voit pas pour que notre identité ne soit pas définie par cela. Etre malade signifierait avoir le droit à quelque chose en plus des autres ? Avoir une identité à part ? Etre différent des autres ? Revendiquer le droit d’accès à la norme, soit avoir accès à la même chose que les autres, avoir une vie normale ? Les statuts permettent d’avoir le droit de rentrer dans la norme : donner des équivalences, des réaménagements, des aides…

 

  • Pour la prise en charge d’un patient, il faut du temps, le corps développe ses propres défenses mais le rapport au temps n’est pas celui de l’urgence, pour lequel le médical reste primordial. La médecine du travail est indispensable pour contrôler les conditions de travail mais le problème est à nouveau de renvoyer à la responsabilité individuelle : être apte ou non apte est très réducteur, il pourrait y avoir des aménagements en fonction des compétences et des évolutions de chacun.e. Dans les métiers du social il y a beaucoup de souffrance, et un des rôles du collectif est de la gérer, cela ne doit pas rester dans l’adresse à un tiers qui extériorise le problème.

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