Atelier debout éduc’pop 50 « quelle société veut-on? » Partie II, le gouvernement (3)

Dimanche 17 décembre 2017 à 14h


Sur la Place de la République, debout éducation populaire a fait son atelier hebdomadaire « quelle société veut-on? » session 50 sur le gouvernement. Nous avons commencé la seconde partie : à partir des propositions concrètes récoltées lors de la première partie, comment les mettre en place à partir de maintenant?

Nous avons lancé le premier atelier éduc’pop à Debout éducation populaire au mois d’aout 2016. Cet atelier qui a lieu à raison de 2 heures hebdomadaires vise à répondre de façon précise et développée à la question suivante : quelle société veut-on?
Avec chaque audio, nous vous proposerons un rassemblement écrit des propositions par catégories, que nous reprendrons avant chaque séance, et que vous pouvez commenter directement sur le site!

Plus nous serons nombreux/ses à participer, plus nos propositions et réflexions seront riches, et mieux nous saurons quelle société l’on souhaite construire, avant de savoir par quels moyens…

Et justement, c’est cette seconde partie « comment y arriver? » que nous avons commencé il y a 6 mois à partir des propositions récoltées lors de la première partie!

La 51ème séance de l’atelier est prévue dimanche 7 janvier de 14h à 16h Place de la République, nous poursuivrons le thème « le gouvernement ».


Compte-rendu de l’atelier éduc’pop 50, partie II,

thème « Gouvernement » 17/12/17

 

 

Suite à la première partie sur les assemblées constituantes et la mise en place d’un nouveau type de gouvernement, nous poursuivons sur l’éducation politique

 

  • Sur de gros projets, ce qui se décide au niveau local pourrait être étendu au global, avec tirage au sort des personnes missionnées (texte http://lrsfr.free.fr/squelettes/inclure/Manifeste_pour_la_vraie_democratie.html). Que cela soit acquis dès l’école primaire, dans les savoirs et dans les pratiques pour que chacun.e ait connaissance du fonctionnement et puisse l’appliquer. Cela suppose de ne plus se leurrer avec la prétention de neutralité : celle-ci peut être approchée par la multitude des subjectivités. De même pour le journaliste et l’universitaire, ils devraient montrer dans leur article ce qui les a amenés à traiter un thème particulier, en quoi ça les engage et les conflits d’intérêts que ça peut comprendre. L’autorité doit être le respect des subjectivités à partir d’une pratique de neutralité (égalité du temps de parole, parité homme/femme, sociale, des âges…) comme pour les règles des Assemblées : quand on respecte ces règles, cela permet que les subjectivités puissent émerger, se rencontrer et produire des intérêts communs. A l’école, c’est aussi possible : ce qui doit faire autorité n’est autre que le droit. C’est par l’égalité et l’ouverture de la parole que les subjectivités peuvent s’exprimer et prendre en compte celles des autres (par exemple, la violence physique n’a plus à s’exercer si cela est mis en place car celui/celle qui serait violent serait incompris et on lui demanderait d’exprimer par les mots cette violence, et peu à peu elle pourrait s’exprimer sans agressivité). C’est le modèle de Summerhill School (un établissement d’enseignement fondé en 1921 par Alexander Sutherland Neill (1883-1973) afin d’y appliquer ses théories pédagogiques originales d’inspiration libertaire. Les principes du fonctionnement de l’école sont la liberté et une forme de démocratie basée sur l’égalité des voix pour sa gestion) on perçoit alors vite le besoin d’apprendre pour aller plus facilement vers les autres : les savoirs ne sont plus des devoirs. Cela n’empêche qu’il faudra demeurer attentif aux rapports de force idéologiques qui peuvent se mettre en place en fonction de ceux/celles qui maitrisent mieux la rhétorique.

 

  • Dire d’où l’on parle quand on est déjà associé à un statut ou à une fonction permet de limiter la prétention d’objectivité et d’autorité discursive. Sinon, le mieux est encore de ne pas relier celui/celle qui parle à un quelconque statut pour que tout le monde parle de la même place. On pourra alors parler à partir de son histoire, de son propre cheminement et de ses incertitudes. Doit-on, quand on prend la parole, dire dans quel mouvement politique on s’inscrit ? D’un côté ne pas le faire risque de laisser plus de place à la manipulation, mais c’est aussi parce qu’on est habitué à ne pas analyser les discours. Mettre en place des formations à la rhétorique pour que chacun.e puisse décrypter les discours et les contrer. La télé, comme beaucoup de médias, produit du conditionnement, elle n’a pas pour fonction d’éduquer et d’ouvrir, mais de divertir (ce qui vient du latin et signifie « détourner de ») pour que l’on ne s’occupe pas des affaires qui nous concernent, alors qu’il y a beaucoup de documentaires accessibles et passionnants… On nous a appris à laisser les autres réfléchir à notre place et s’occuper de nos vies, c’est le principe du vote…. Si les médias avaient comparé ce qui se passait à Nuit Debout à l’agora grecque, cela aurait eu un autre impact, en montrant que les « esclaves modernes » font ce que faisaient les maitres antiques…

 

  • On pourrait mettre des maintenant en place un lien entre les collectifs qui se battent pour les droits du vivant et les écoles: l’éducation à la politique s’instaurerait dans toutes les matières (cf atelier sur l’éducation). Commencer par faire de l’éducation populaire dans les écoles, au travail, dans la rue, auprès des associations, en demandant autour de soi : qu’est ce que c’est que la politique ? Pour que les gens aient envie de participer, il faut assurer qu’ils aient à partir de là du pouvoir : il ne se demande pas, il se prend. Comment l’école pourrait-elle débattre de la pensée anarchiste ? Est-ce que justement l’école ne prend pas la fonction adverse, c’est-à dire d’éduquer à la soumission… ? Du coup, il faudrait que ça passe d’abord par l’éducation populaire puis que ça se diffuser avec une expérience pratique qui fonctionne.

 

  • On a besoin de développer des outils plutôt que fantasmer sur ceux qui ont le pouvoir et rester dans l’illusion groupale sans construire concrètement. On n’est pas obligés d’être tous d’accord pour faire des choses : on peut avoir une autonomie locale et des accords interlocaux. La neutralité serait dans les principes communs qui postulent des droits (au-delà d’une nouvelle constitution) de fonctionnement pratique (dont égalité du temps de parole, parité, etc), que l’on peut déjà mettre en place avec ses voisins, dans son travail, dans la rue. Simone Weill a écrit une Note sur les partis politiques montrant que tous les acquis sociaux se sont faits via les révolutions, la Commune, les syndicats anarchistes (aussi Albert Camus, l’Homme Révolté). Dès que ça a été repris au niveau du gouvernement, ça s’est effrité. L’apprentissage de la politique, dès le plus jeune âge, se fait dans la pratique, pour percevoir dans son corps les moyens et les limites de l’organisation collective (comme ça s’est fait à Nuit Debout).

 

  • L’éducation politique à l’école ce serait l’histoire politique nationale et internationale avec ouverture à la critique, à des visions multiculturelles et à l’imaginaire. Réduire le temps de travail pour plus de temps politique qui comprenne pratique et théorie : ne plus séparer apprentissage et pratique des travaux manuels et intellectuels, l’un pas sans l’autre. Par exemple en biologie, en même temps que l’on découvre le fonctionnement des plantes et de l’organisme, découvrir comment cultiver en permaculture et gérer les déchets et mettre en place une quasi autonomie alimentaire où chacun.e puisse s’impliquer et construire son avenir. Là où le travail, comme l’éducation, ne serait plus un instrument de domination et d’épuisement articulé au divertissement qui nous détourne du souci de nous-mêmes et de notre environnement. Inclure aussi les entreprises pour faire le lien avec l’industrie et les asso (qui ont des savoirs et pratiques alternatives) pour mettre en place des écosystèmes durables, comprenant le jeu et l’imagination. Le théâtre forum pourrait permettre de rejouer des scènes historiques pour réécrire le passé et voir les impacts des décisions prises sur le présent et sur l’avenir : on pourrait aussi rejouer les scènes de prises de décision en entreprise avec le même principe, cela pourrait se faire dès maintenant. Aussi à travers l’art, la musique, le cinéma qui devraient avoir une grande place dans l’éducation (plus que l’art plastique qui est une matière méprisée) et dans tous les lieux institutionnels et de la fonction publique, les entreprises, les espaces publics. La gamification peut aussi être utilisée pour rendre ludique la question politique et pas seulement en terme de récompenses/punitions.

 

  • A l’école, ça commence par redéfinir ce que veut dire être délégué de classe, étendre ses fonctions et le mettre par tirage au sort, en augmenter le pouvoir dans les prises de décisions collectives de l’établissement. A Nuit Debout Marseille, une liste citoyenne s’est mise en place pour les municipales, en s’appuyant sur la question de la gestion des déchets. Dans le livre des procédures fiscales, l’article R-19 impose à ceux/celles qui veulent s’inscrire pour devenir élu d’avoir un fond important à la base : c’est donc une exclusion par l’argent et une ouverture à la corruption pour avoir des fonds. Donc, mieux vaut ne pas s’appuyer sur ce qui existe déjà pour viser une intégration large au politique : arrêter la professionnalisation en fermant l’ENA, ou faire de cette école un vrai lieu de débat autour du savoir et de la pratique politique en l’ouvrant à une diversité de population (des enfants, des sans-logis, des chômeurs, des réfugiés, des parents, des travailleurs indépendants, des ouvriers…) à mettre en débat avec les énarques pour mettre en relation les idéaux politiques et la réalité de terrain. Ça irait avec l’anonymat et l’égalité des prises de parole. Si les 1% qui gagnent le plus mettaient une perruque blanche quand ils apparaissent devant les médias, on verrait très vite qu’ils ne nous représentent pas du tout.

 

  • Sur le contenu de l’enseignement, revoir les ouvrages que l’on fait lire à l’école et intégrer des œuvres anarchistes et des œuvres critiques actuelles, par exemple « L’illusion politque » de Jacques Ellul… ça donnerait un dégoût du politique mais au moins une perception claire et la possibilité de débattre sur d’autres formes possibles !

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