Atelier « quelle société veut-on? » 58 Partie II : Thème « Commerce International » (3)

Dimanche 4 mars 2018 à 14h


Sur la Place de la République, Debout éducation Populaire continue d’occuper l’espace public pour l’atelier hebdomadaire « quelle société veut-on? » session 58 sur le commerce international.

Nous avons lancé le premier atelier éduc’pop à Debout éducation populaire au mois d’aout 2016. Cet atelier qui a lieu à raison de 2 heures hebdomadaires vise à répondre de façon précise et développée à la question suivante : quelle société veut-on?
Avec chaque audio, nous vous proposerons un rassemblement écrit des propositions par catégories, que nous reprendrons avant chaque séance, et que vous pouvez commenter directement sur le site!

Plus nous serons nombreux/ses à participer, plus nos propositions et réflexions seront riches, et mieux nous saurons quelle société l’on souhaite construire, avant de savoir par quels moyens…

Et justement, c’est cette seconde partie « comment y arriver? » que nous avons commencée en juillet à partir des propositions récoltées lors de la première partie!

La 59ème séance de l’atelier est prévue dimanche  11 mars de 14h à 16h Place de la République, nous poursuivrons le thème « Commerce international ».


Compte-rendu de l’atelier educ’ pop 58, partie II,

thème « Commerce International » le 04/03/2018

 

 

Métaux rares et production dans les pays pauvres :

 

  • Il y a une volonté aux EU de se protéger en n’utilisant pas les ressources pétrolières de leur pays pour les avoir en stock et les revendre très cher en cas de crise. Faire une étude des sols pour les dépolluer (revenir aux semences e base qui étaient plus résistantes et moins toxiques, laisser libre leur production) : les asso qui luttent contre le nucléaire ont déjà des infos sur les lieux pollués et les ressources énergétiques, on pourrait associer les infos de l’armée et celles qui viennent des industriels et des administrations, ça nous permettrait d’avoir suffisamment d’information sur l’état e nos sols en se basant sur ce qui existe déjà actuellement. Utiliser au maximum le recyclage de tous les outils numériques déjà existants pour ne plus extraire à nouveau des métaux rares, arrêter la production de ces matériels car il y en a assez sur le marché et on pourrait les partager. Les métaux précieux ont une qualité esthétique particulière et des propriétés électrochimiques et ils sont en nombre limité (alliage, catalyseur), les métaux rares permettent de faire des composants numérique et énergétiques très puissants. Ça fait une guerre commerciale qui ne défend donc pas du tout une pacification des relations internationales.

 

  • Ce qui ne devrait pas entrer dans la sphère commerciale comprend la liste qu’avait faite Karl Polyani: l’humain, la terre, l’argent (pas de financiarisation) ne sont pas des marchandises, s’ils entrent dans le marché ça ne peut produire que de la destruction. A quoi on pourrait ajouter les idées, car c’est une compétitivité des brevets et des diplômes alors que le savoir devrait être accessible et au lieu des brevets privés et permettant d’accéder à des productions très chers, on devrait les qualifier comme d’intérêt général et à ce moment là ce serait des biens communs. Faire accéder ses propres réflexions au titre de bien commun devrait être en soi une reconnaissance suffisante. Essai actuel de faire un pôle de recherche d’excellence sur le plateau de Saclay, ce qui a été bloqué par une institution, encore pour couper une partie de la recherche des réalités de terrain : on fait un pari sur quelque chose qui n’existe pas. Il y a beaucoup de savoir, notamment dans la contestation et on ne les prend pas en compte car on voit leur position de militant avant d’analyser leur arguments et recherche, on devrait donc plus souvent changer d’interlocuteur/trice.

 

  • On nous présente souvent la solution technologique alors que c’est surtout un moyen de poursuivre les mêmes problèmes en les masquant par d’autres, c’est une course sans fin qui se retourne sur elle-même.

 

Peut-on se passer du commerce international ?

 

  • Problème que des savoir-faire soient privatisés : imaginer un système sans taxe, sans lois, sans normes ? Il y aura toujours des échanges, l’ordo-libéralisme en Allemagne a développé une régulation du marché par l’Etat tout en laissant une concurrence libre et non faussée entre les acteurs. On pourrait imaginer sur ce même mode une régulation internationale par des lois et des gardes fous mais pas un gouvernement mondial qui masque les différences locales.

 

  • Sur la question de l’agriculture, l’utilisation de traction animale permet d’éviter la fabrication et le transport de matériel avec une autonomie locale de la production à la vente (film Un trait de vie). Le matériel peut aussi passer par la récupération, appliquée ou non à la traction animale : dans ce fonctionnement, la rémunération est respectueuse du travail vu que les charges sont réduites au maximum, ainsi que les combustibles. Aussi arrêt d’ajout dans les rations, les vaches doivent disposer d’un espace suffisamment grand pour qu’elles soient autonomes dans leur alimentation.

 

  • Commerce plus égalitaire si chacun échange ses ressources locales ? Problème des ressources inégalitaires, d’autant plus parce que c’est pensé en terme de rapport de force national, peut-être que ça marcherait plus en interlocal avec un équilibrage mondial de base des besoins : c’est la thèse de base d’Adam Smith qui ne peut fonctionner que s’il y a une égalité de base. Problème aussi du confort, qui comprend également la santé : il y aura forcément des perdants par rapport à ce que certains ont maintenant. Si on respecte les fonctionnements locaux, la régulation mondiale serait en terme de limite de taille et d’accès aux besoins pour chacun.e. Le brevet pourrait signifier accès d’une idée aux biens communs et donc mise en place de ses applications dans l’intérêt général et pas dans le privé. La privatisation du savoir est une des formes absurdes du monde interne. C’est le conflit entre libre échange et protectionisme. Quand on dit que certains pays n’ont rien à échanger, c’est par rapport aux normes que certaines puissances ont imposé : à partir du moment où des êtres humains vivent sur un territoire, ils ont forcément des choses à échanger, le problème c’est que des choses ont été posées comme ayant plus de valeur que d’autres. Là où l’instance régulatrice mondiale ne devrait pas être en pouvoir de déterminer les valeurs des choses. Lors de la seconde guerre mondiale, il a été proposé à De Gaulle de permettre aux colonies françaises de développer sa propre économie et ça a été refusé.

 

  • Le régulateur c’est nous, c’est ceux qui consommes et qui demandent, on a été habitué à répondre à l’offre depuis la loi de Say (loi des débouchés) : on doit d’abord apprendre à réguler notre demande, à la prendre dans un temps long. Si quelqu’un produit des chaises, il pourra les produire seulement en fonction des besoins et ces besoins lui auront été définis en amont pour qu’il puisse les préparer. La concurrence entre les enseignes fait couler les entreprises les moins puissantes, peut-être que c’est notre vigilance et notre limitation qui serait la meilleure régulation : ne faire qu’à la commande, avec un stock très limité pour les cas urgents. Ça modifierait aussi notre rapport au temps. Revenir à une production artisanale et non plus industrielle. Aussi pour tout ce qui est marché électronique : on pousse les personnes à l’achat compulsif et ça produit bcp de déchets, de prévoir à l’avance des commandes permettra de le limiter. Globalement dans les pays occidentaux on a accès aux besoins primaires, ce qui fait que pour la croissance, il faut développer de nouvelles demandes car le but n’est pas de faire des économies mais que l’argent circule au maximum. C’est le principe de la valeur ajoutée dans chaque secteur de besoin (ex la médecine, l’alimentation…) : la valeur ajoutée est ce qui rejailli dans l’économie nationale, ce qui fait de la consommation et du coup le lien est laissé de côté car il ne produit pas de valeur marchande (même si ça tend actuellement vers la marchandisation du lien).

 

  • Les promotions favorisent les achats compulsifs ainsi que les publicités : on doit donc revoir ses propres comportements et lutter contre les stratégies marketing. Se pose la question de réduire les soldes pour accentuer le sentiment d’urgence des achats : la loi Macron pour les magasins le dimanche suit la même logique : on créé des comportements qui ne répondent pas à une nécessité mais deviennent finalement indispensables, voire un droit à revendiquer (et du coup il n’y a plus de temps libre, donc potentiellement politique, de lien). Plutôt limiter les zones horaires de consommation et donner dès le début le prix juste qui ne pourra souffrir de réductions. Quelle est la fonction du commerce international ? De satisfaire le besoin des citoyens ou l’enrichissement et l’accumulation ? par la loi des débouchés, c’est la seconde option qui est dominante : l’entrepreneur a les mains libres et n’est pas régulé par une instance juste qui ne favorise que les productions qui sont en faveur des ouvriers et des citoyens. Les instances régulatrices actuelles relèvent du droit privé et jouent selon leur intérêt.

 

  • Il faudrait donc supprimer le profit : produire au prix coutant (ex le prix que je reçois doit me permettre de produire le même objet ensuite). On arriverait alors vraiment à quelque chose de juste, ce qui suppose un temps de travail limité et une autonomie relative avec des choses à échanger. La plus-value sert à la base pour le chef, pas pour les ouvriers : il faudrait arriver à un mode de production sans cette plus-value donc sans chef. Peut-être qu’il faut que le producteur garde une petite marge, comme c’est le cas pour la vente directe dans les AMAP car il y a tout de même des risques de perte.

 

  • Actuellement il y a du travail le dimanche car il n’y a que des négociations faites par deux instances sans réflexion globale : dans le cas du BHV, l’ouverture le dimanche a été négociée par un référendum dans lequel était acceptée es conditions de salaire qui étaient refusées depuis des années. Du coup les syndicats ont signés car la contrepartie était trop importante. Peut-être que si ces salariés avaient résisté collectivement en parallèle des autres enseignes, aucune ne serait ouverte le dimanche et finalement ça ne poserait problème à personne car il n’y aurait pas de concurrence du tout. Pendant le Moyen-âge il y avait 90 jours de fête où se construisaient les liens. C’est l’Etat actuellement qui laisse aux entreprises tout pouvoir de régulation. Tant qu’il y aura des personnes pour acheter sans attention portée aux modes de production, il sera difficile de rendre le commerce international juste.

 

  • Marx montre qu’il y a d’un côté les travailleurs, de l’autre les capitalistes : d’un côte le travailleur veut augmenter son salaire, de l’autre l’entrepreneur veut augmenter le profit, d’où la recherche d’une mécanisation maximale. Marx propose de supprimer le profit, ce qui n’a pas encore été effectué de façon pratique, mais les AMAP montrent qu’on peut le réduire ; mais actuellement c’est plutôt l’extension du profit qui règne. Le problème est que même sans profit, des personnes perdent actuellement de l’argent du fait des délocalisations et du prix de vie différent dans chaque pays, on arrive dans un système absolument illogique. Le problème serait alors plus la privatisation du profit ? Si on imagine un système où tout est vendu à prix coutant, l’agriculture locale s’y retrouverait forcément car elle ne rivaliserait pas avec les importations. Cela supposerait de revoir entièrement la notion de salaire et de mettre en l’air les actionnaires ! Les prix sont imposés pas des multinationales, pas par les agriculteurs eux-mêmes, ce qui n’a aucune raison d’être. Le produit des récoltes sur le blé peut être payé bien en amont et du profit est ensuite fait à partir de ce système de production sous contrat : d’où bcp d’agriculteurs essaient de sortir des circuits commerciaux et passer par la vente directe. Mettre en place une propriété sociale des terres avec une gestion mutualiste sans profit.

 

  • De même l’accès aux médicaments devrait être déterminé selon le prix coutant, la recherche étant liée seulement à des financements publics (et non pas le remboursement par la sécu du prix des brevets plus que des substances de base), la valeur des vies n’est actuellement pas équivalente.

 


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