Dimanche 29 avril 2018 à 15h30.
Sur la Place de la République, Debout éducation Populaire continue d’occuper l’espace public pour l’atelier hebdomadaire « quelle société veut-on? » session 62 sur la santé (2).
Nous avons lancé le premier atelier éduc’pop à Debout éducation populaire au mois d’aout 2016. Cet atelier qui a lieu à raison de 2 heures hebdomadaires vise à répondre de façon précise et développée à la question suivante : quelle société veut-on?
Avec chaque audio, nous vous proposerons un rassemblement écrit des propositions par catégories, que nous reprendrons avant chaque séance, et que vous pouvez commenter directement sur le site!
Plus nous serons nombreux/ses à participer, plus nos propositions et réflexions seront riches, et mieux nous saurons quelle société l’on souhaite construire, avant de savoir par quels moyens…
Et justement, c’est cette seconde partie « comment y arriver? » que nous avons commencée en juillet 2017 à partir des propositions récoltées lors de la première partie!
La 63ème séance de l’atelier est prévue dimanche avril de 15h à 17h Place de la République, nous continuerons sur le thème « Santé ».
Atelier éduc’pop 63 « quelle société veut-on? » Partie II : la Santé (3)
Les technologies dans la santé :
- On utilise systématiquement toutes les ressources technologiques pour détecter les risques de maladie, au nom de la prévention, on conditionne les personnes à se considérer comme malade de l’extérieur sans se sentir malade de l’intérieur. D’autant plus qu’on ne peut ensuite suivre précisément le malade, après lui avoir diagnostiquer des maladies à venir. La méthode scientifique donne qu’une connaissance élaborée dans un endroit de la planète doit être valable partout, or ce n’est pas universalisable en fonction des territoires, ce qui y est produit, des habitudes et des cultures. Plutôt que d’analyser les organes de façon indépendante, penser en termes d’une personne globale. Dans le cas du malade expert, commence une réappropriation des savoirs médicaux, on devrait le diffuser plus largement.
- Inégalité territoriale concernant les technologies et mise en place d’une médecine à plusieurs niveaux : seuls certains hôpitaux sont équipés et cela produit des attentes et une concentration. Comment rendre la technologie non invasive et accessible à tou.te.s, faut-il en ce sens la limiter ? Les brevets représentent une part importante du coût d’achat des appareils, si ceux-là étaient produits par des entreprises publiques, ça étendrait le savoir sur leur fonctionnement et ça permettrait de les orienter vers un coût plus faible. De même pour la production des médicaments : la santé et ses technologies doivent faire partie des biens communs. Une grande partie de leur coût n’est pas liée aux matières premières ni à la production mais au profit. Il est dommage de penser en termes de limitation de la technologie, car elle permet de grandes avancées pour la santé, comment alors continuer à la développer sans qu’elle soit le privilège de certain.e.s et qu’elle respecte les limites écologiques ?
- Les études de médecine doivent être revues en ce sens : y développer les sciences humaines et sociales pour une prise en compte globale de la personne (penser le symptôme dans son ensemble), conserver les savoirs indépendants des technologies et les voir comme un apport, un complément, pas comme remplaçant la relation médecin/malade et leur savoir partagé. Risque de la dépendance des médecins aux machines, et ainsi aux entreprises qui les développent. Les concours sélectionnent des futurs médecins qui apprennent par cœur et non pas une sensibilité à l’autre. Avant les concours, l’enseignement était très différent et plus axé sur les savoirs à développer : les médecins dépendent actuellement des spécialistes de décryptage de l’image (radios, scanners…) pour donner un diagnostique. Dans le film Elysium, l’intelligence artificielle met au chômage les médecins et est privatisée. La technologie peut aussi bien être un ennemi qu’un ami, de croire que l’homme pourrait choisir entre solution technologique et santé traditionnelle est une fiction : on n’est pas libre devant la technologie, cela se voit avec la question des données.
- Développer dans les jardins partagés la culture de plantes médicinales pour un accès plus large. Concernant la santé et le service publique, il existe 3 modèles : le modèle bismarckien qui suppose un impôt pour financer le service publique de la santé ; le modèle de solidarisme avec des cotisations sociales auprès des travailleurs ; Europe du Nord (on privatise le système de la santé). En revenant au premier système, une taxe robot ou taxe technologique pourrait nous permettre de financer le système de santé et de produire les technologies en nationalisant les entreprises de production des outils technologiques nécessaires, comme ceux servant à la santé, comme propriété sociale. Le choix ne doit pas se faire entre plus de technologie contre moins de soin (moins de personnel hospitalier, moins de temps pris avec le malade…) : les deux sont obligatoirement à penser ensemble, sans que la technologie devienne le privilège des cliniques privées, ce qui intensifierait la médecine à deux vitesses.
- Le problème de l’accompagnement est que tout est pensé autour du travail, il est donc important de dépasser ce terme : des domaines ne sont pas adéquats pour rester pris dans la notion de travail, d’où la nécessité de penser en biens communs, et ce dans la santé : le modèle de cotisation sociale auprès des travailleurs ne peut plus fonctionner.
- La technologie dans la santé, et notamment la technologie numérique déplace aussi le rapport à l’autorité médicale : le patient peut faire ses propres textes et accéder aux médicaments. Le problème ici est qu’il n’y a toujours pas d’instances critiques sur ce rapport au diagnostique et aux médicaments qui restent au profit des multinationales de la santé. La technologie reste aussi totalement obscure quant à son fonctionnement, elle n’est pas neutre et suppose une représentation particulière du rapport au corps. Sa démocratisation permet de réelles avancées mais il faut rester vigilant quant à son fonctionnement et son accès : problème éthique. Ça passe donc par la formation des médecins mais aussi l’éducation critique à la santé. Les migrations médicales sont très importantes car dans les pays du Sud il n’y a pas accès à ces technologies : en République Centre Africaine, plusieurs instruments modernes n’ont pu être disponibles car c’était un contrat passé avec le gouvernement antérieur.
- Chez les zapatistes, une solidarité nationale et internationale ont permis des médecins de financer le début du processus : il y a des maisons de santé qui fonctionnent avec une formation des paysans. Il existe aussi de la chirurgie, avec un accès limité aux technologies qui tend vers une autonomie : les autres territoires du pays vont aussi dans ces maisons de santé car il y a vraiment un manque d’accès aux soins dans le territoire.