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Dimanche 25 mars 2018 à 14h
Sur la Place de la République, Debout éducation Populaire continue d’occuper l’espace public pour l’atelier hebdomadaire « quelle société veut-on? » session 59 sur le commerce international.
Nous avons lancé le premier atelier éduc’pop à Debout éducation populaire au mois d’aout 2016. Cet atelier qui a lieu à raison de 2 heures hebdomadaires vise à répondre de façon précise et développée à la question suivante : quelle société veut-on?
Avec chaque audio, nous vous proposerons un rassemblement écrit des propositions par catégories, que nous reprendrons avant chaque séance, et que vous pouvez commenter directement sur le site!
Plus nous serons nombreux/ses à participer, plus nos propositions et réflexions seront riches, et mieux nous saurons quelle société l’on souhaite construire, avant de savoir par quels moyens…
Et justement, c’est cette seconde partie « comment y arriver? » que nous avons commencée en juillet 2017 à partir des propositions récoltées lors de la première partie!
La 60ème séance de l’atelier est prévue dimanche 1 avril de 14h à 16h Place de la République, nous poursuivrons le thème « Commerce international ».
Nous sommes désolés car les 20 premières minutes de l’atelier sont un peu chaotiques (nous avons longtemps cherché les dernières propositions…)
Compte-rendu de l’atelier educ’ pop 59, partie II,
thème « Commerce International 4 » le 25/03/2018
Commerce équitable et économie circulaire :
Problématique des dettes et crédits : annuler ces dettes pour qu’ils puissent utiliser leur matériel sans être déjà en déficit, qu’il y ait du stock dans le cas où les recettes sont mauvaises une année, notamment dans l’agriculture, pour que les producteurs puissent aller vers des productions durables qui se passent du matériel polluant et très couteux. Les grands groupes industriels proposent des subventions avec un contrat d’exclusivité imposant des conditions de production très dures et non respectueuse des travailleurs ni de leur moyen de production : c’est au producteur de décider de son mode de production car il connait son travail et doit le rendre transparent. Actuellement on est obligé de faire de nouveaux investissements et impossible de faire des réserves, toujours pour faire tourner la machine financière. Possibilité que les investissements puissent se faire sous forme d’échange et de partage : dès maintenant refuser de rentrer dans ce système de dette pour aller vers du don/contre-don. Trouver une façon d’apprendre mieux à connaitre les autres cultures et modes de faire, sans en imposer un : déjà pour les enfants favoriser des espaces de jeux et de partage dans la diversité, mais aussi remplacer le tourisme de masse par des échanges et des rencontres avec logement chez l’habitant.e.
Plusieurs personnes sont prêtes à aller s’installer en campagne pour construire leur exploitation : l’argent public devrait les aider pour qu’ils aient les moyens de le mettre en place et favoriser leur commerce local. Comment s’organiser sans qu’il y ait de chef ? Chacun.e pourrait trouver le système qui lui convient, voire si une personne souhaite le faire chimiquement, ce sera sa propre consommation. Actuellement on demande aux tiers supérieurs qui privatisent l’argent de nous permettre de nous développer au niveau local, forcément ça n’est pas dans leur intérêt car ça sortirait de leur contrôle. Qui instaure ces règles ? Ceux qui ont le pouvoir de création monétaire et les décideurs du financement accordé, fut-il de l’argent public : actuellement celui qui a l’argent a le pouvoir. Le financement du commerce international doit se faire de façon démocratique en passant par des autofinancements plus que par des institutions qui sont en dehors des besoins locaux et dépendent du pouvoir bancaire. Au cours des 30 glorieuses on n’avait pas le droit de s’endetter, c’était des prêts à taux zéro auprès de la banque nationale qui ont permis les infrastructures de transport qui ont été données à des privés depuis. Aujourd’hui le traité européen oblige l’endettement pour le profit industriel et pas le développement équilibré au niveau national. La période des 30 glorieuses était économiquement stable car il y avait équilibre entre production et consommation nationales. Il n’y avait pas encore de concurrence internationale, c’est ce qui a produit le déséquilibre : soit l’on revient au contrat fordiste et keynésien pour que les Etats soient autosuffisants. Le FMI et l’OMC sont ceux qui signent des accords et choisissent qui peut emprunter : la banque centrale européenne émet 100 milliards d’euro pour stabiliser une monnaie compétitive et donc dévaluée, face au dollar.
Problème du service public qui fige plus les dynamismes locaux qu’il ne les accompagne, sa fonction est de financer ce qui concerne l’intérêt général, qui devrait être déterminé non pas selon les décideurs politiques associés à des partis mais selon une réglementation respectueuse de l’écologie, des travailleurs et des besoins qui s’expriment. Dans tous les cas il y aura interprétation de ces textes et cela suppose une veille citoyenne : quand l’Etat subventionne une exploitation, elle devrait entrer dans ce cycle durable et circulaire. Les accords européens empêchent qu’il y ait une production autre que privée et polluante car ils posent ce principe de compétition. Tant qu’il y aura privatisation des terres et déséquilibre économique, on ne pourra pas sortir de ce système régulé par les instances comme l’OCDE. Il est nécessaire de comprendre comment ce système s’est mis en place pour pouvoir le modifier sans le renforcer et le dépasser sans y retomber. Au lieu du consensus de Washington on pourrait proposer de refonder l’Etat social avec : reconstruction des services publics, droit du travail, budget alloué à la protection sociale, politique économique par la demande.
Aller chercher la richesse de là où elle part : de notre travail, création et de notre coopération. On aurait une banque sociale qui ne serait pas limitée à une dimension monétaire : une agriculture raisonnée sera moins coûteuse en moyens de production et d’acheminement. Arrêter de se focaliser sur ce qui est déjà fait, réussir à se passer au maximum de l’argent car celui-ci donne toujours le pouvoir aux mêmes mains. Créer un service public du troc qui soit géré par les citoyens. Les lieux-tiers (espaces de coworking, fab-lab…) sont des espaces de travail commun qui pourraient se déployer dans tous les domaines. Faire des lieux de désintoxication pour contrer ce qu’on nous vend comme liberté, profit, compétition en tant que style de vie.
Gouvernement et souveraineté du commerce international :
GAFA et big data : S’il y a une manne de financement des services publics au niveau international on peut aller la chercher dans les gains pris sur notre vie privée par les GAFA et les lobbies de l’industrie. Que ce ne soit pas une vitrine de redistribution mais une imposition et une responsabilité concernant les décisions prises et les profits effectués : tout ce qui excède le coût de fabrication doit revenir au public. Les GAFA sont un monopole tellement puissant qu’il menace même l’ordre politique du monde en passant, au-delà de leur puissance financière, par leur prise idéologique et sociale dans leurs outils eux-mêmes (on l’a vu avec les bulles de filtrage sur facebook et les élections américaines). La régulation devra se faire par des instances indépendantes. Nos données sont une source de profit publicitaire et incitateur sans que cela ne soit jamais taxé ni régulé puisque ce sont des algorithmes opaques. Le concept du passager clandestin dans les services publics est celui qui profite de ce qui est mis en place mais ne cotise pas, les GAFA en sont l’illustration au niveau mondial : ils captent les ressources partout mais ne participent pas au pot commun pour entretenir les infrastructures. En Chine des plateformes rivalisent voire dépassent les géants américains et sont donc une concurrence directe avec des implications politiques fondamentales.
Pour contourner les législations, il y a le passage multiple par de petits financements qui échappent au contrôle. Les Etats sont actuellement le dernier rempart contre les multinationales et la finance mais ils construisent leur propre fossé en s’y soumettant de plus en plus au lieu de s’y confronter. Tout ce qui était rentable est privatisé, sinon le privé refuserait d’y investir, c’est une fiction de nous faire croire que ce sont des gouffres financiers puisque des privés souhaitent les reprendre et en tirent beaucoup de profit : la question est toujours posée à côté, pas au niveau de là où est la dette et du poids des décisions politiques.
Pour les ordolibéraux, la monnaie peut être un organe autonome, pas gérée démocratiquement et l’Etat ne doit pas fausser la concurrence mais veiller au bien-être de la population : le rôle de la banque mondiale est de stabiliser les prix, pas de créer de l’emploi et de limiter les monopoles par cette indépendance monétaire. Tant qu’on est dans l’Union européenne on est soumis à ces lois : ce ne sont plus les députés français élus par les citoyens qui font la loi mais des décideurs supranationaux qui sont mis à leur poste par des fonctionnements non démocratiques. L’article 63 « libre circulation des biens, des personnes et des capitaux » donne que les chefs d’entreprise peuvent exploiter la misère sans payer de taxes (les travailleurs détachés), des usines sont fermées puis délocalisées et les pauvres sont montés les uns contre les autres. Une autre Europe n’est juridiquement pas possible car il faut l’unanimité de tous les pays pour changer les textes : seul l’article 50 permet d’en sortir et en 2 ans. Ce sont des décisions prises pour la croissance alors que celle-ci n’a plus de sens dans le contexte actuel et que ça ne fonctionne pas : 80% des lois en France proviennent de l’Union Européenne.
Comment récupérer une souveraineté sans se passer, ce qui serait impossible, du commerce international, pouvoir échanger sans que ce soit récupéré par des monopoles ? Les rentrées fiscales s’amenuisent avec le dumping fiscal et l’évasion des capitaux, qui nous désinvestit d’autant plus de notre production. Le problème des salaires figés alors que les prix augmentent : obliger le modèle économique en augmentant les salaires avec des taxes douanières ce qui implique une nouvelle forme de protectionnisme, comme seul rempart face aux monopoles et à la puissance des multinationales. Sortir aussi de l’empire de la monnaie ou la limiter pour la valeur d’échange et non la valeur d’usage.