Atelier Debout Educ’pop « quelle société veut-on? » – 8 : bien vivre avec les autres (2)

Vendredi 30 septembre//214 mars à 18h.


Sur la place de la République, nous avons lancé le premier atelier éduc’pop à Debout éducation populaire. Cet atelier qui aura lieu à raison de 2 heures hebdomadaires vise à répondre de façon précise et développée à la question suivante : quelle société veut-on pour demain?
Avec chaque audio, nous vous proposerons un rassemblement écrit des propositions par catégories, que nous reprendrons avant chaque séance, et que vous pouvez commenter directement sur le site!

Plus nous serons nombreux/ses à participer, plus nos propositions et réflexions seront riches, et mieux nous saurons quelle société l’on souhaite construire, avant de savoir par quels moyens…

La 9ème séance de l’atelier est prévue vendredi 7 octobre de 18 à 20h.


CR Atelier éduc’pop session  8 : « bien vivre avec les autres », vendredi 30 septembre//214 mars à 18h.

Vous pouvez écouter un enregistrement audio de l’intégralité de l’atelier en bas de page et nous proposer vos idées en remplissant un petit formulaire de contact.


Relecture des points abordés sur cet axe lors du premier atelier :

  • Travail sur soi encouragé
  • Trouver une place à chacun en partant du principe que c’est à lui de créer sa voix et non pas à l’autre de lui trouver une case dans laquelle s’inscrire
  • Marchés comme premiers lieu de consommation et d’échanges
  • Quitter le confort individuel pour la responsabilité collective dans les choix de production et de consommation : économie utile surtout en cas de crise écologique, social, économique…
  • Respect et confiance en autrui, entraide et proximité

 

Travail sur soi encouragé :

  • Pour travailler sur soi, admettre déjà que l’on est imparfait, ne pas rechercher un idéal car celui-ci est d’abord imposé de l’extérieur. Changer les idéaux de consommation (grosse voiture, écran plat…). Au Boutan, le dictateur a refusé le PIB pour mesurer le Bonheur Intérieur Brut avec de vrais indicateurs.
  • Accepter les différences, l’opinion des autres quitte à pouvoir en débattre indéfiniment. Aura-t-on envie d’être égaux une fois que les différences seront considérées comme un enrichissement ? L’égalité dépend des besoins de chacun.e et , ce n’est pas forcément positif d’être tou.te.s égaux. L’égalité doit seulement être maintenue au niveau du droit. De quoi a-t-on vraiment besoin ? Manger plus sain, savoir faire des sacrifices pour que des choses puissent naitre en nous-mêmes (faire du manque un potentiel de création), plutôt que d’accumuler, laisser mourir les choses en nous pour que d’autres puissent naitre. Pas la même définition du confort selon les époques, les cultures, en fonction de l’idéal qui circule : confusion entre confort et bonheur. Penser maintenant en terme d’expansion interne plus qu’externe (moins d’actions sur l’environnement, plus sur soi-même) : se sentir en confiance, veiller les uns sur les autres, s’enrichir mutuellement des expériences, réflexions, imaginaires des autres est une sorte de confort. Le confort c’est une zone de bien-être.
  • Utiliser les marionnettes et les jeux de rôle pour sortir de sa propre personne et vivre à travers d’autres personnages, pour percevoir leurs émotions dans une situation. Ne pas être les pantins des politiciens, le politique c’est nous : la politique est notre outil, les politiciens nos pantins.
  • Améliorer notre façon de communiquer : essayer de se comprendre soi-même pour avoir une meilleure écoute de l’autre et de son propre corps. Percevoir ses émotions, savoir les accueillir et en faire quelque chose plutôt que de les réprimer. Au Danemark : cours d’empathie dans le système pédagogique, associer les enfants et adultes, utiliser les histoires pour échanger sur les cultures.
  • Problème de l’argent qui créé des individualités et de la concurrence. Penser la création de « pots communs » au lieu/en parallèle des aides sociales : de façon locale, on investit dans un projet de solidarité de façon démocratique, chacun.e participe à l’élaboration du projet autant financièrement que dans la prise de décision, c’est de l’argent géré en commun, pour faire ensemble et faire mieux.
  • Nous appartenons à l’espèce humaine « ne te comporte pas avec les autres comme tu n’aimerais pas que les autres se comportent avec toi », en même temps demander à l’autre d’agir comme soi c’est refuser les différences. Quand on est en relation avec quelqu’un, qu’est ce qu’on est prêt à accepter de cette personne ? Jusqu’où est-on prêt à entendre l’autre. Peur de se révéler, d’exprimer ses sentiments et de les savoir non partagés, honte.
  • Etre plus souvent dans la rue que chez soi, ouvrir ses portes, transformer les espaces publics en espaces communs de rencontres, de partage et d’échanges. Changer notre rapport à l’étranger, notion d’hospitalité chez les Grecs : celui qui vient est potentiellement un Dieu, il doit être accueilli et honoré plus que sa propre famille. A-t-on besoin d’avoir peur d’une instance supérieure (comme le divin) pour être accueillant envers l’étranger ? Le lien social est perdu dans les grandes villes, mais pas dans les lieux à identité locale forte (ex : Corse,…). Prendre en compte l’autre comme présence et non pas comme utilité potentielle. Laisser une plus grande place à l’intérêt de l’autre, en dehors du profit. Ne pas mettre les étrangers entre eux, trouver un moyen de gérer les communs et les différences dans un espace partagé.
  • Le travail sur soi ce n’est pas de la randonnée mais de l’escalade : à chaque fois que l’on arrive à un sommet, on a un autre point de vue, et on se pose un moment pour l’apprécier avant de repartir. Il suffit que l’être humain se remplisse d’amour pour être heureux : apprécier la valeur des choses en changeant sa perception, se décaler. La religion est un niveau inférieur du spirituel.
  • Sentiment de solitude : le bonheur s’épand une fois qu’on l’a en soi, ne pas avoir peur de le partager. L’amour c’est le respect, la liberté et l’honnêteté « c’est ce que tu donnes qui t’enrichit ». dans le métro, dans la rue, le RER, regarder les gens dans les yeux, se sourire, se rencontrer, se parler. Respect de la parole, engagement auprès de soi et de l’autre, de façon réciproque. Dire bonjour à l’autre, le considérer à partir du moment où on le croise, où on occupe un espace en commun.
  • Tous les matins : qu’est ce que je vais faire pour améliorer le quotidien de ceux/celles qui m’entourent, que je croise ? Par rapport à ce que l’on me demande de faire : se poser la question de si j’acceptais de le faire à celui/celle que j’aime, à moi-même. Refuser le « c’est comme ça, on n’y peut rien changer » est déjà un acte de résistance en soi : « soit le changement que tu veux voir dans le monde », « le bonheur, c’est quand vos actes sont en accord avec votre parole », « tu ne connaitras pas forcément le résultat d’une bonne action, mais si tu ne fais rien il n’y aura pas de résultat »

 

Créer sa propre voix plutôt que de rentrer dans des cases établies :

  • Besoin de sages plus que de guides : respect du savoir pratique, comme complémentaire et équivalent au savoir intellectuel. Impact du virtuel sur l’apprentissage et le métissage culturel. Connaitre la richesse qu’il y a dans toutes les autres cultures pour avancer soi-même, développer son éthique plutôt que d’adhérer à une morale imposée.
  • Il faut savoir où on veut aller pour pouvoir créer son chemin : apprendre le goût de l’effort, le plaisir de produire des choses soi-même, satisfaction dans la création qui permet aussi de se connaitre et s’auto-limiter.
  • Il y a des cases préétablies dans lesquelles on essaie de mettre les gens en fonction de leur compétences/ difficultés dans l’éducation, le travail, la psychologie… Déjà connaitre tous les choix existants et avoir la capacité de choisir (avant ça se répétait de génération en génération, aujourd’hui c’est orienté vers le profit et l’argent) en sortant de son environnement familial/culturel. Plutôt que d’orienter dans des choses qui existent déjà : développer d’autres compétences, surtout les domaines que l’on ne connait pas et savoir inventer à partir de ses propres désirs/imaginations/savoir-faire. Dans l’éducation, le travail, prévoir une troisième voix : aucun de ces choix ne me correspond, je veux en inventer un. A partir de là, rendre possible des espaces de travail et d’échange en groupe pour construire de nouveaux choix. Pratiquer plus que connaitre réellement ce qu’il est possible de faire. Se tromper, échouer n’existe pas : chaque expérience est un enrichissement, un tremplin, une nouvelle perspective qui permettent de mieux savoir vers où s’oriente notre désir.
  • Faire des portes ouvertes sur des places où chacun vient présenter son métier, ce qu’il aime là dedans et ce qu’il veut transformer.
  • Qu’on ait quelque chose à faire ensemble, créer une communauté humaine avec des buts à débattre et à poursuivre. Mise en perspective permanente : se retrouver avec des luttes « pour » plutôt que des luttes « contre », pour avoir une prise sur la vie sociale. Ce que l’on dit a une conséquence sur ce que l’on fait. Etre maitre de son destin : il faut le vouloir et savoir que c’est possible. Faire sa révolution intérieure et teinter le monde et les autres de cette révolution. Le « je » est pluriel, le « nous » est singulier.

 

Circuits courts, quitter le confort individuel pour la responsabilité collective dans les choix de production et de consommation :

 

  • Le fait d’acheter directement avec le producteur permet de pouvoir échanger avec lui et de mieux comprendre la culture agroalimentaire. Augmenter le nombre d’AMAP en Ile de France. Voler chez Monoprix et Auchan c’est un acte de résistance.
  • Généraliser le troc de biens ou de services. Créer des lieux autogérés et inviter les gens à comprendre le plaisir que ça fait de manger des œufs de poule frais du matin. SEL : lieux d’échange d’objets, librement (équivalent d’un dépôt-vente en gratuit).
  • Rompre les chaines du système de distribution, entraide pour les services locaux en fonction des compétences de chacun.e, où tout le monde est gagnant. Que les moyens de production et la finance soient partagés. Utiliser la spéculation pour financer la solidarité : la finance pour elle-même ne sert à rien, elle doit rester un moyen au service d’autre chose (gestion des ressources, des flux, des biens partagés). Ce serait des fonds publics mis à disposition d’un système d’échange : la finance est une énergie dont on peut se servir.
  • « économie sociale et solidaire » liée aux questions environnementales, à démocratiser : aller acheter chez Emmaüs, quelque chose qui est recyclé, restauré par les compagnons. Les associations jouent une grande part là-dedans, mais du coup ce n’est pas du direct des personnes entre elles, est-ce que ça ne favorise pas les clivages dans la population ? Penser plutôt des espaces de partage dans forme institutionnelle intermédiaire : s’instituer en coopératives est dans la redistribution directe entre les personnes qui contribuent. S’il n’y avait pas de pauvres, les asso fermeraient, d’une certaine façon ça entretient le capitalisme parce que ça produit de l’emploi à partir des inégalités. Particulier à particulier c’est plus rapide et ça produit de la confiance et des rencontres. Créer des espaces ouverts et publics où les produits sont gratuits, où les personnes circulent pour amener/prendre ce dont elles ont besoin : faire du troc, s’auto-limiter.
  • Espace à gérer en commun : en Afrique, dans chaque village, chaque foyer avait sa propre parcelle (maison plus culture) et il existait des parcelles collectives auto-gérées. Repenser les capacités de production quant aux besoins et non quant au profit. Les espaces privés sont comme l’extension de son propre corps : ce que l’on produit par son travail en interaction avec le travail des autres. Chacun.e produit et échange ce qu’il/elle produit selon ses propres besoins et ceux de son environnement.
  • Dans les villes : généraliser les espaces de vie communs (où manger, vivre, échanger, dormir, créer, cultiver, construire…) plutôt que de multiplier les logements individuels. Favoriser les déplacements des uns chez les autres : gain de places, rencontres permanentes, système de ZAD en ville. Il y aurait gestion autonome des ressources, services, moyens de production, sans propriété. Généraliser aussi les lieux tels que les ZAD en campagne, des espaces gérés en commun sans propriété. Moins de béton dans les villes, propreté autogérée par un respect de l’espace que l’on construit ensemble, moins de voitures.
  • Publicité : pas de publicité, mais des espaces d’affichages pour la transmission des informations locales et globales, pas de monopole ni de contrôle d’une instance tierce/supérieure, pas de compétition sur la visibilité, mais un moyen simple pour se retrouver dans les infos données. Que les infos passent par les places/rues/arts (théâtre, musique, cinéma…), la télé ne servirait qu’à connaitre ce qui se fait loin de chez soi, plutôt sous forme de documentaires.
  • Mobilier avec seulement des choses « en dur » à long terme, apprendre à construire soi-même sans être influencé par une mode, inventer sa propre habitation en fonction des ressources locales. Redistribution dans les espaces publics de ce qui ne sert plus : recyclage et échanges directs. Système d’échanges locaux qui fonctionnent déjà (ex sur Cergy), à élargir.

 

Respect et confiance en autrui, entraide et proximité

  • Agressivité : confrontation dans les modes d’expression, prendre en compte que l’autre peut être blessé différemment de soi. Etre attentif aux limites de l’autre et sentir ses propres limites, travailler dessus, respect des cultures différentes, être toujours dans un rapport de réciprocité.
  • La violence : en arrêtant les ventes d’armes, en se passant de la propriété qui créer de l’envie, des inégalités, de la compétition et de la haine : la violence est le corolaire des frustrations.
  • Confiance : laisser la marge de création pour soi et pour l’autre, chaque chose est un apport. La certitude est une illusion pour se protéger, peur de changer d’identité, sentiment d’être attaqué entretenu par les médias. Au-delà de se faire confiance, prendre soin les uns des autres.
  • Identité : aspect colonisateur, expansion d’une identité au nom d’un universel, en lien avec la propriété, pouvoir et peur d’être volé. Dans notre société idéale, donner une identité d’être humain seulement au niveau civique plutôt que des valeurs sous-humaines et sur-raciales, droit de circulation à condition de respecter l’espace occupé par l’autre. Comment tu définis ton identité ? Ne pas la définir en négatif (en différence quantitative par rapport aux autres), mais en positif : ce qui compte principalement pour nous et que l’on peut apporter aux autres, le voir plus dans une dynamique d’évolution, de « se connaitre ». Toutes les identités se valent mais ne sont pas identiques. Que ce soit son identité comme connaissance de soi qui soit mise en avant plus qu’une identité civile qui produit des luttes et de la haine. Si on se base sur l’identité spirituelle, on peut de retrouver au-delà des frontières. Selon Senghor « l’avenir est au métissage biologique et culturel »
  • Décentrement : développer le principe de décentrement dans les prises de parole en public. Lors d’un débat, les propos peuvent évoquer chez chacun.e son expérience personnelle, et on peut être tenté de parler de soi. Mais cela non seulement met en danger celui/celle qui s’exprime (risque de diriger le débat sur la personne elle-même et qu’elle se sente attaquée dans son intimité), mais aussi produit un épuisement de l’auditoire. Pour rester à l’écoute des autres tout en prenant en compte son expérience, on peut faire un exercice de décentrement : sans raconter sa propre histoire, et sans nommer d’autres personnes (anonymat et neutralité) la projeter de façon généralisée pour apporter des éléments au débat.

À vous!

Faites nous part de vos remarques, de vos idées de vos envies pour le monde de demain.


l’enregistrement complet de la discussion.

Une réflexion sur “Atelier Debout Educ’pop « quelle société veut-on? » – 8 : bien vivre avec les autres (2)

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